Granit rose et fish and chip’s

Stage « Déferlante » du 18 au 24 août 2012 aux Glénans de Paimpol

Phare des Triagoz

Pour la troisième semaine d’août j’avais planifié une semaine de voile à partir de Paimpol. Je m’étais inscrit pour animer mon premier stage « Déferlante » avec l’envie forte de faire quelques escales merveilleuses sur la côte sud de nos voisins british. A moi Dartmouth, Falmouth ou autre. Essayer le Salona 37 me tentait aussi et était une autre raison du choix de ce stage.

Comme toujours la mer décide autrement, le bateau sera mon copain Epok’Sea, l’un des deux RM 10.50 de Paimpol, le Salona n’étant pas en état pour le stage. Et puis le vent sera absent pour une bonne partie de la semaine. J’ai préféré rester de ce côté de la manche, nous serions arrivé de l’autre côté, mais le risque était trop grand de devoir revenir au moteur pour être à l’heure le vendredi.

Qui a dit qu’il pleut en Bretagne ? Il n’y est certainement jamais allé. Le soleil nous a inondé toute la semaine. Short, Tee-shirt et petites chaussures furent la règle pour tous.

L’équipage composé d’une fille et de sept garçons s’est rapidement soudé. L’irlandais, les deux italiens et les cinq français – certes quelques parisiens mais des français tout de même – ont tous communié pour une bonne ambiance dès le début.

Tous nous avions une grosse envie d’être en mer et c’est naturellement que nous avons quitté le grouillement des pontons paimpolais dès le samedi soir, dans la brume et sans vent pour aller se blottir au creux de la Chambre à Bréhat, nous en avons profité pour poser le RM sur ses trois jambes à l’abri du vent et clapot. L’endroit est vraiment magique, un coucher de soleil sur le granit de Brehat vaut le voyage.

Le dimanche la toute petite brise nous emmènera jusqu’à Perros Guirec. On s’est même fait doublé par des kayaks dans le Trieu. Comme c’était un stage quatre voiles, j’ai laissé faire regardant ce qui se passait du coin de l’oeil, m’occupant plus à pêcher à la traîne qu’à la manœuvre. Résultat quelques recadrages à faire mais rien de grave et quinze maquereaux. Nous finirons au moteur les derniers trois ou quatre miles restant pour passer la porte du bassin à temps.

Le lundi, c’est encore pire, pétole molle !! On se laisse dépaler vers les sept îles afin d’accrocher quelques souffles au large. Peine perdue, heureusement que la brise thermique se lèvera l’après midi. Nous ferons escale pour midi en prenant le coffre au phare des Triagoz, magnifique édifice que je n’avais jamais vu que de loin. Baignade et débarquement en annexe pour les uns, farniente, pêche et topo pour les autres. Après déjeuner, la brise toujours absente, nous voyons arriver le Saint Guirec – reproduction superbe d’un vieux langoustier de Camaret – qui se mettra à couple de notre tout petit bateau. Après avoir eu la joie de conter l’histoire des Glénans aux touristes du jour, ils débarquent sur l’île du phare et nous laissent le champ libre pour visiter ce beau voilier. Enfin, la brise arrive et les premières rides sont visibles sur l’eau, il est temps de repartir pour aller se réfugier à Ploumanac’h pour la nuit.

Saint Guirec

Mardi enfin un peu de vent de nord-ouest prévu. Au début c’est pas folichon mais cela doit forcir dans la journée. Direction Guernesey à l’estime, les caches sont sur les instruments et je demande de jouer le jeu. Sous spi asymétrique le RM ne tient vraiment pas le cap que l’on veut, ajoutez à cela les barreurs qui font de jolies figures dans le sillage, un ou deux presque départ au tas avec le vent qui forci, l’écoute de spi qui se décroche lorsqu’il fasseye, etc… c’est pas facile. Un recadrage aux instruments nous redonnera le bon cap, nous aurions dû voir les Roches Douvres mais elles restèrent invisibles. La nuit tombe et les phares salvateurs apparaissent, la pointe de Saint Martin au sud ouest de Guernesey est là qui nous guide amicalement par son feu clignotant. Nous mettrons plusieurs heures à passer le cap dans le noir total. Mais déjà les digues de Saint Peter sont devant nous, à 23h30 nous embouquons le chenal d’entrée du port et un employé du port vient à notre rencontre et nous accueille avec le sourire : « What is your draft, Sir ? ». Pas de doute on est en terrain British, demain à moi le fish and chip’s. Nous passons la nuit à couple dans la marina Victoria.

Mercredi, lever aux aurores car le bateau auquel nous nous sommes mis à couple veux partir très tôt. Une belle manœuvre d’aussières nous recollera au ponton : « Have a nice day Sir !! ». Il est temps de se doucher, d’aller faire une petite promenade dans les rues de Saint Peter, d’avaler le fish and chip’s tant convoité et de repartir au bateau car la marée n’attend pas, il faut passer le seuil avant 13 heures.

Treize heures tapantes, le bateau est en route, cap sur Binic en passant au ras de Sark. Encore une fois nous tenterons l’estime, le bateau avance bien entre vent de travers et bon plein. Si on continue comme cela on devrait pouvoir accrocher la porte de Binic juste avant sa fermeture à marée haute. Mais Eole en décidera autrement et calmera son souffle en fin de soirée pour ne nous laisser que le choix de Saint Quay, dommage. L’arrivée de nuit par la passe nord a été menée de main de maître par l’équipage. Comme à Saint Peter un employé du port nous accueille à 23h00 mais la comparaison s’arrêtera là, c’est un endroit moche, très cher et pas sympa.

Jeudi, pétole, deux euros la douche par personne plus 28 pour le bateau. A huit ça fait 44 euros et pour ce prix on a même pas de réponse au bonjour que je donne à la capitainerie. Décidément je n’aime pas cet endroit. Pétole, ce sera manœuvre de port, il y a plein de places bien larges sur le ponton 10, on se fait aussitôt agresser par le loueur du lieu. Pas de manœuvres sur MON ponton, celui là a perdu huit clients potentiels d’un coup. Et si on apprend pas en école comment on fait pour louer, dufion… ??? On réussi tout de même à faire deux ou trois heures de manœuvres sans aucun problèmes. Et c’est avec bonheur que je quitte cet endroit malsain dans l’après midi.

Direction l’anse de Bréhec pour passer la nuit au mouillage, malgré le courant contre et le peu de vent, nous y arriverons à la voile. Baignade, pêche à la dandinette (six maquereaux d’un coup pour l’un des stagiaires).

Vendredi il faut se lever tôt pour attraper l’écluse de Paimpol, du vent, enfin pas trop. Je laisse les stagiaires se démerder pendant que je prépare des rillettes de maquereaux avec la pêche de la veille. Tout va bien, la côte est superbe. Mais nous allons trop vite et n’y a pas assez d’eau, nous ferons quelques bords dans la baie pour attendre et toujours ce seau et ce pare battage enlassés qui tombent à l’eau sans prévenir, les cons …

Eclusage, nous revoilà au point de départ, encore une boucle de bouclée, encore une séparation à venir dans les quelques heures qui suivent. J’ai encore une fois un pincement au cœur et au ventre. Nettoyage, évaluations individuelles et embrassades rythment le vendredi et c’est déjà fini.

J’ai encore passé une semaine très agréable. Merci à tous.

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